Nathalie Queyrel
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"l'estime de soi : le système immunitaire de la psyché", parution dans PRINCIPES DE SANTE N° 71

14/10/2014

L’ESTIME DE SOI : UN OUTIL POUR AFFRONTER LA REALITE

L’estime de soi est au cœur de la construction individuelle. Elle permet de s’inscrire dans un projet de vie dont on est acteur. Elle se constitue, ou pas, au gré des expériences vécues par l’individu. Sa carence du fait d’échecs psycho-affectifs ou même d’épisodes traumatiques est en amont des altérations psychiques constatées chez mes patients.

L’estime de soi, haute ou basse, ne doit pas être seulement considérée comme une caractéristique de l’individu. Elle apparaît comme un véritable « outil », permettant de s’adapter efficacement à son environnement ; un outil intelligent et protecteur, indispensable pour faire face à la vie, s’aimer, s’aider, aimer et aider les autres. Par exemple, chez l’enfant, il existe un lien fort entre estime de soi et résultats scolaires. On observe ainsi qu’une bonne estime de soi permet à l’enfant confronté à des difficultés d’adopter des stratégies de résolution de problèmes adaptées : recherche de soutien social auprès des proches, remise en question des comportements inadéquats, confrontation à la réalité. Alors qu’une faible estime de soi est souvent associée à des stratégies inverses : repli sur soi, réticence à parler de ses soucis, autocritique excessive, déni des difficultés, évitement …

Un lien étroit a pu être observé entre estime de soi et capacité d’autocontrôle. Ces stratégies d’autocontrôle font défaut aux personnes à basse estime de soi, ayant par exemple du mal à suivre un régime alimentaire, observer des consignes d’hygiène de vie, allant jusqu’à s’inscrire dans des comportements addictifs… Dans cette même optique, a pu être souligné le lien entre l’optimisme et l’estime de soi : les sujets optimistes sont capables, face à toute incertitude, d’imaginer qu’ils auront les ressources nécessaires pour faire face, au niveau comportemental (si l’évènement est contrôlable) ou émotionnel (si l’évènement ne dépend pas de la personne) aux aléas de l’existence. On voit donc combien l’estime de soi va influencer les capacités adaptatives.

Elle a également d’autres fonctions importantes. La première d’entre elles, et la plus facilement observable, concerne la capacité à s’engager dans l’action. La notion de « confiance en soi », composante partielle de l’estime de soi, désigne le sentiment subjectif d’être ou non capable de réussir ce que l’on entreprend. La plupart des études soulignent que les sujets à basse estime de soi s’engagent avec beaucoup de réticences dans l’action ; ils renoncent plus vite en cas de difficultés ; ils souffrent plus souvent de procrastination, cette tendance à hésiter et à repousser à plus tard toute prise de décision.

A côté des manifestations comportementales de l’estime de soi, existent également des phénomènes cognitifs d’autoévaluation, que chaque personne pratique sans cesse et en grande partie inconsciemment. On a constaté que les sujets à faible estime de soi se montrent très prudents et hésitants quand ils sont invités à se décrire. Ils préfèrent les qualificatifs neutres plutôt que les positifs (que choisissent ceux doués d’un haut degré d’estime de soi) ou les négatifs (utilisés par les déprimés et les dépressifs). Les sujets à haute estime de soi parlent d’eux en termes plus tranchés, plus affirmatifs et se montrent moins dépendants de l’opinion de leurs interlocuteurs.

On a enfin pu montrer que les affects de base étaient plus souvent négatifs quand le degré d’estime de soi est bas. En psychiatrie, des études ont démontré le lien entre basse estime de soi et risque dépressif, évolutif au fil des ans. Des travaux sur la stabilité de l’estime de soi (autre paramètre important, à part le degré) ont montré que les sujets à estime de soi instable sont très dépendants des évènements extérieurs (opinion ou fait) et sont plus souvent victimes d’états émotionnels à polarité négative (peur, colère …) que ceux dont l’estime de soi est stable et résistante.

Sans une solide estime de soi, il est compliqué de ressentir le plaisir de vivre, de se sentir le droit de prendre sa place, de faire entendre sa voix… Avoir une faible estime de soi, c’est aussi se sentir inférieur aux autres et se maltraiter ou se laisser maltraiter. Mais quand la « dotation en estime de soi » a été très réduite, comment peut-on néanmoins s’en sortir ? Autrement dit, se constituer un « patrimoine psycho-affectif » plus tardivement est-il possible, alors que les coups du sort nous ont conduit à nous mésestimer  ?... 

Tout d’abord, il convient de se débarrasser de l’idée fausse et dangereuse qui consiste à assimiler la bonne estime de soi à l’égoïsme. S’accorder de l’amour, de l’estime, de la valeur, de l’attention ne se pratique pas au détriment des autres, mais au contraire à leur bénéfice. En effet, être en paix avec soi-même, en grande camaraderie avec son être profond (corps et esprit) est le meilleur moyen d’être en paix avec les autres et d’être en capacité de développer l’altruisme. Ensuite, il convient d’apprendre à adopter un regard positif, sur soi-même comme sur les autres. Le regard qui permet de voir le réel différemment, d’apercevoir de nouveaux horizons et d’envisager d’autres options pour son projet de vie, en construisant des relations positives avec soi-même et avec autrui. En effet, s’accorder une haute estime, c’est aussi s’octroyer la juste dose d’enthousiasme et d’optimisme nécessaire à une vie harmonieuse, avec son soi profond et avec les autres. Ne pas oublier que l’optimisme est « contagieux » et développable à l’infini, ou presque !... Enfin, reconnaître qu’il est parfois nécessaire de se faire aider par un psychothérapeute, quand l’estime de soi a été vraiment abimée, ou gravement carencée. C’est alors un « cadeau » à s’octroyer, un pari sur le bonheur, un investissement sur le bien-être ; une belle démarche qui proclame déjà que l’on en vaut la peine !

 S'aimer tel que l'on est, s'accepter pleinement, et de là s'estimer profondément, constitue un projet non seulement légitime mais libérateur ; car à ne pas s'accepter, la vie devient un combat épuisant, où s'engouffre et se perd notre énergie qui n'est alors plus mobilisable pour des actions positives. Se créer et se construire comme un être indépendant et respectueux de lui-même peut s’avérer un défi exaltant auquel notre éducation devrait nous préparer. Ce peut être le plus grand défi à relever !

 Pour construire son Estime de soi, il faut sortir du schéma pulsionnel qui consiste à se faire aimer de l'Autre pour s'autoriser, ensuite, à s'aimer soi-même. Or, il est indispensable de s'aimer soi, d'abord, pour qu'ensuite l'amour que nous voue l'autre soit "cadeau", "bonus", et non pas l'essence indispensable à notre survie. De même qu'il est salutaire de sortir des loyautés contraignantes et d’aller de la loyauté à l'autre à la loyauté à soi. La découverte de « la fidélité à soi-même » est une rencontre fondamentale, qui devient possible après une maturation psychique, une meilleure connaissance de soi, une élucidation de ses peurs profondes, une réappropriation de sa parole propre et la détermination à ne plus se laisser définir par l’autre, à ne plus s’inscrire dans le désir de l’autre, mais à se couler dans son propre désir. Citons ici le sage bouddhiste SRI NASARGADATTA MAHARAJ : « vous ne pouvez transcender ce que vous ne connaissez pas. Pour aller au-delà de vous-même, vous devez vous connaître et vous accepter. »

Dernier point : nous, les psychothérapeutes comportementalistes (Thérapies Cognitivo-Comportementales), nous écoutons les mots qui disent la souffrance, mais nous nous attachons surtout à repérer les comportements éternellement répétés qui nous font mal, nous enferment, nous limitent, nous empêchent d'accéder au bien-être et à l'harmonie. En repérant ces comportements, nous proposons à nos patients des schémas comportementaux alternatifs et nous les aidons à les adopter (voir encadré). Patiemment, nous les amenons à réaliser qu’ils peuvent prendre en main leur vie, se libérer des liens douloureux du passé, pour créer de nouveaux comportements. La finalité étant bien sûr de les sortir de ce mauvais amour de soi qui interdit tout accès au plaisir. Et si l’on n’est pas dans le plaisir, comment être dans le partage ? Et si l’on n’est pas dans le partage, comment être dans la Relation ?... Ainsi, on en revient au point essentiel : être dans l’estime de soi n’éloigne pas de l’autre ; il en rapproche !

Une solide (re)construction de l’estime de soi exige patience, douceur et indulgence pour soi-même et persévérance, parfois avec le soutien d’un professionnel.

La ligne de vie à retenir, pour réussir : SOYEZ GENTIL, TOLERANT ET ATTENTIONNE AVEC VOUS-MEME !

 Je terminerai en disant que l’estime de soi peut être vue comme un véritable « système immunitaire du psychisme » qui nous protège de l’adversité, des croyances limitantes et contre-productives qui ne nous appartiennent pas, mais nous ont été inculquées, imposées. Elle agit même comme un « amortisseur » qui nous maintient en état de stabilité psychique, protégé des troubles occasionnés par les aléas extérieurs. Elle constitue notre plus grande « richesse intérieure », que nous devons protéger et faire fructifier tout au long de notre vie, car elle nous assure une vie équilibrée, riche, entre autres bienfaits, d’une maturité psychique et d’une sexualité épanouie, où nous accueillons l’Autre dans sa dimension de « Sujet », où nous louons sa différence, où enfin nous acceptons qu’il soit partiellement insatisfaisant.

« Nous abritons un ange que nous choquons sans cesse. Nous devons être les gardiens de cet ange. »

Jean COCTEAU

CERCLE VERTUEUX DE LA DYNAMIQUE D’APPRENTISSAGE en Thérapie Cognitivo Comportementale

  • Besoin d’apprentissage d’un comportement nouveau
  • Mise en marche d’une dynamique de changement comportemental
  • Passage à l’action, avec l’aide du thérapeute
  • Encouragements/renforcements par les premiers signes de réussite
  • Validation/ajustement du nouveau comportement pour une efficacité maximale

ESTIME DE SOI-MODE D’EMPLOI : un parcours en 6 étapes :

  • Etudier sa façon de se situer par rapport aux autres
  • S’intéresser à sa façon de communiquer avec autrui
  • Repérer l’image que l’on a de son corps et sa façon de se mettre en mouvements
  • Enrichir ses relations de façon à se « nourrir » psychiquement
  • Repérer les actions que l’on fait pour soi-même, en répondant à la question fondamentale QU’EST-CE QUI EST BON POUR MOI ?
  •  S’accorder le droit de développer (à l’infini) ces actions positives.

Nathalie Queyrel

Psycho-praticienne en thérapies Brèves                                                      

n° 71 • octobre 2014 • Principes de Santé

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